Jean de la Fontaine disait: « un ami… rien n’est plus commun que le nom, rien n’est plus rare que la chose. » C’est sur la base de ces quelques mots que je vais tenter de tailler le portrait de cette relation.
Tout a commencé il y a 23 ans dans un appartement rempli de joie et d’amour, une rencontre fortuite entrainant la naissance d’une amitié profonde. À cette époque aucun de nous n’avait encore conscience de ce qui nous attendait. Notre seule préoccupation était le temps que nous passions sur un vulgaire toboggan ainsi que la manière dont nous allions recracher l’infecte purée de carottes qui nous servait trop souvent de déjeuner.
Cette époque est révolue depuis bien longtemps aujourd’hui nous avons tronqué les couches pour les caleçons, les sucettes pour les clopes et le lait fraise pour la vodka kass’. Mais entre-temps nous en avons fait du chemin, les copines échangées (enfin volées) toujours avec le sourire car « c’est le jeu », c’était la belle époque où l’on pouvait sortir avec la même fille sans partager autre chose qu’un reste de salive resté là par erreur.
Il est bien loin le temps des bonbons qui pik, des foot pendant la récrée, des goals volant, des chats perchés, des concours de jupes soulevées qui nous emmenaient au piquet pendant le reste de la journée. L’insouciance passée dont on se rappelle avec un sourire en coin.
C’est l’histoire de deux p’tits gars qui ont grandi ensemble, sans jamais se séparer, qui ont tout connu de la première cuite à la chartreuse de maman entre midis et deux aux premiers sites pornos qui nous ont tant amusés au point d’imprimer des images lourdes de sens et les coller sur la porte de la salle de classe. Je crois que cet épisode nous a marqués tous les deux, et cette fameuse phrase de notre professeur de SVT qui est resté gravé « si vous en avez une si grosse paire dénoncez-vous ».
Tu es mon meilleur copain… La phrase est dite, depuis que j’ai compris le sens de cette phrase elle n’a eu qu’un seul destinataire, toujours le même nom qui revenait avec insistance quand tous les autres changeaient de meilleur copain comme de slip. Oui je parle bien de slip car à l’époque on ne mettait pas de chemises, on avait des joggings Nike qu’on ramenait troués tous les deux jours, des tee-shirts Quiksilver bien large et et des sweets à capuche pour quand il pleut (car le Kawai c’est ringard). On achetait des ballons en mousse pour la récrée, ces derniers nous servaient aussi en rentrant, au grand désespoir de nos parents respectifs et de mon voisin du dessous qui encore aujourd’hui n’a pas oublié nos tennis-ballons, ni nos ligues des champions en 1vs1 dans ma chambre. ou encore les parties de baby enflammées qui voyaient le babyfoot se transformer en instrument de torture pour ce cher voisin du dessous.
C’était la belle époque, sans réflexions poussées, l’avenir se jouait à la récrée et au gouter. Puis nous avons grandi, prit conscience des choses, prit conscience que nous n’étions pas que de simples potes, que l’amitié c’est précieux et qu’au final notre projet de devenir voisin « quand on serait grand » n’était pas une idée idiote.
Est venu le temps où nous sommes devenu grands (par la taille), le collège, le lycée ont été ce tremplin vers le monde des grands, nous l’avons traversé ensemble (toujours dans la même classe sinon ce n’est pas drôle). L’insouciance du début a laissé place à la bêtise de l’adolescent qui passe du statut de mignon à con en l’espace de quelques années. J’ai en mémoire encore aujourd’hui le moment où tu m’annonçais mon redoublement en classe de sixième et que tu as attendu que je pleure pour me dire tout sourire que c’était une blague. Oui tes blagues sont toujours aussi nulles même 15 ans plus tard.
Le temps passe vite mais il n’y a pas que les blagues et les moments de rigolade qui restent gravés, il y a aussi tout le reste. Ce soutien permanent, cette présence qui fait qu’on ne se sent pas seul, cet appui dans les moments difficiles, cette béquille qui nous permet de tenir debout quand tout va mal.
Un jour on devient grand on quitte l’école on se retrouve seul, et c’est à ce moment-là qu’on voit ceux qui restent, ceux qu’on peut appeler « amis », pas ces rencontres qui durent quelques années avant de s’évaporer aussi vite qu’elles sont venues, les vrais, ceux qui vous appellent pour prendre des nouvelles, ceux qui sont là dans les galères comme dans les bons moments
Aujourd’hui nous n’avons plus 10 ans, nous ne sommes pas grands pour autant, nous ne sommes toujours pas voisins. Mon voisin du dessous craint toujours ta venue même si aujourd’hui le rugby on le joue sur une console une bière à la main.
On se rend compte que les choses n’ont pas tant changé que ça, je passe devant l’appartement ou tout à commencé tous les jours, avec une certaine mélancolie mais aussi un sourire en coin. Un sourire qui en dit long sur toutes ces années, sur toutes ces bêtises qu’on a pu faire et sur toutes celles qui nous restent à faire.
Bien entendu il est temps de recentrer ce texte vers ce qui intéresse vraiment les lecteurs, à savoir votez pour moi. C’est un jeu que tu m’as fait découvrir, tu étais au sommet de la gloire au moment où je suis arrivé. Mr le président qu’ils t’apellaient, aujourd’hui les choses ont changé, mais j’ai toujours en moi cette certitude que l’aventure n’est pas finie, d’ailleurs elle recommencera peut-être un jour …. A nouveau côte à côte. De mon coté je me suis déjà posé la question et la seule réponse qui me viens en tête c’est : pourquoi pas.
Portrait de Gustave Geffroy par Paul Cézanne
Commentaires
2 réponses à “[Prix Krustytzer] A force d’amitié”
<3
[…] Paul Cézanne : A force d’amitié […]