Enquête-immersion au Règne de la Pendule… 1/3

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La journée commençait plutôt bien. J'avais mis mon slip à l'endroit, verrouillé trois sujets, pris mes 2 cachets d'aspirine, répondu à mes 112 messages personnels de fans quotidiens. Jusqu'à ce que Darkcool m'appelle sur ma télépathie. Il était malade. La grippe, il paraît. Pas cool. Malgré tout, il avait l'air soulagé quand j'ai accepté de reprendre son emploi du temps, et le dossier sur lequel il travaillait depuis plusieurs jours avec la plus grande difficulté. Grâce à une incroyable facilité de scénario, à peine avais-je raccroché que le dossier trônait sur mon bureau. Il était écrit en gros au marqueur « Le règne de la pendule ». A y regarder de plus près, il y avait un autre titre, rayé : « Parti en Live ».

En grand journaliste, je n'ai pas jugé nécessaire de lire tout ce bazar. Il était évident que je devais aller enquêter sur ce parti. Au début, mon impression était positive. Je me suis dit que « pendule », ça sonnait comme « pendouille », que c'était rigolo. J'avais rendez-vous avec Arc à 6h du soir. Il fallait que je prenne le Car. Je sais ce que vous pensez : elle était facile, celle-là. M'enfin, on ne s'appelle pas « arc » impunément. Ça doit pas être une flèche, cette Arc. C'est cra cra, arc. Enfin, j'espérais que le Règne de la Pendule avait d'autres cordes que son Arc.


Une ellipse temporelle plus tard, je me retrouvais dans un sombre quartier, près de Pigalle. Au détour d'une sombre ruelle et d'une poubelle débordante de bouteilles vides, après avoir passé plusieurs bars délabrés à peu près autant que leurs clients, je me retrouvais face à un bâtiment dont la couleur était écrue jusqu'à l'extravagance. C'était au numéro 69. Pas de doute possible, il était bien indiqué 96 sur le bâtiment. Â côté d'une infâme lézarde qui serpentait et sifflait sur la tête du bâtiment, on pouvait déchiffrer, sur une pancarte bancale comme un calebar de Cocoo, l'appellation « Parti en Live » écrite dans un style années 20 – années 90. Mais un gros trait noir grossier comme la mère de Cocoo venait recouvrir l'appellation. En caractères rouges dégoulinants comme la bêtise de Cocoo, on avait peint par-dessus en lettres capitales « LE REGNE DE LA PENDULE ».


Je déglutis alors avec difficulté et mon dossier sous le bras. Il était six heures moins cinq à ma montre. J'étais à l'heure, bien que râleur. La porte était banale à l'excès, comme une endive un jour de pluie, dans la zone industrielle de Dunkerque. Toute de bois sombre vêtue, elle n'aurait pas résisté à un coup de mistral (gagnant). Prenant mon courage et mon dossier à deux mains, j'ai toqué, comme un toqué, à la porte, toute de bois sombre vêtue, qui n'aurait pas résisté à un coup de mistral etc. Il y eut un moment d'attente.


Soudain, elle s'ouvrit brusquement et je me retrouvai face à un individu non identifié en qui j'ai rapidement reconnu Princedudesert, à son magnifique turban qui n'avait d'égal que la douceur de ses fesses de bébé et la légèreté de ses allusions. La peur pouvait se lire sur son visage de fennec enturbanné. Que dis-je ? La terreur. Je crois que sa bouche grande ouverte signifiait qu'il voulait que je le laisse sortir. Pour ce faire, je me suis déplacé d'un demi-pas vers la gauche, afin de dégager la sortie, mécaniquement. C'est à ce moment qu'un coup de fusil retentit, retentissant comme un coup de fusil, tandis que Princedudesert accélérait sa course et disparaissait rapidement au coin de la ruelle.


Spolioz se tenait sur le seuil de la porte, et sans prêter attention, son fusil à la main, il hurla : « Et que je ne te voie plus ici, sale noob ! WTF ! 3 fois 6, 18. ».


J'étais pétrifié. La mauvaise humeur de Spolioz était quelque peu légendaire, mais nous nous connaissions. Il se retourna brusquement vers moi, le fusil pointé à présent sur mon torse velu comme un gazon britannique le lendemain d'un jour de pluie. Je m'apprêtais à lever les mains et le voile sur mon identité, lorsque Spolioz prit la parole : « Ah, c'est toi, Drag. 'Tain, j'en ai marre de ces cons. Je vais tous les fusiller. 4 fois 9, 36. »


J'en profitai pour reprendre : « Hello, Spo'. Euh. Tu peux abaisser le fusil, maintenant ».


« Tu n'as pas tort » répondit-il en abaissant son arme.


« Tu as rendez-vous ici ?

– Oui, à six heures avec Arc, c'est pour VPMédias, tu sais ?

– Ah ok, parfait. Youpilol. Elle n'est pas encore là. Je vais te faire visiter, pendant ce temps. »


Discrètement, comme craignant une nouvelle déflagration ou qu'un remake de l'apocalypse me tombe dessus, je suis donc entré à la suite de Spolioz dans le hall du bâtiment. L'endroit était…vaste. C'était comme une grande salle rectangulaire. A droite et à gauche, sur tout la profondeur, des portes dont certaines étaient ouvertes, et d'autres pas, comme une porte, dans le fond. Mais d'autres étaient ouvertes, contrairement au premières. Bref. Au centre de ce hall, se dressait une espèce de grand et large pilier qui allait du sol au plafond, comme…un pilier. Autour de ce pilier était organisé un bar. Des jeunes femmes servaient des bières à des membres du partis affalés sur le comptoir, devant des alignements de bouteilles psychédéliques. Tout le pilier était couvert de pendules, à la mode suisse. Ce genre de machins à cocoo…pardon, à coucous, avec des chaînes et d'autres trucs qui pendulent…pardon, pendouillent. Accessoirement, ces machins sont prévus pour indiquer l'heure qu'il est.


Alors que Spolioz m'invitait à le suivre, tous les pendules suisse s'activèrent d'un même mouvement. Des dizaines et des dizaines de piafs en plastique en sortirent en rythme et on entendit un vrombissant tumulte de « coucous » sonores qui se superposaient dans une infernale cacophonie. Me bouchant les oreilles, je jetai un coup d'œil à ma montre. Il était six heures. Mais bientôt, des voix s'élevèrent à l'unisson depuis le bar pour crier avec entrain « SIX HEURES, L'HEURE DE L'APERO !! ». (Quoi ? Gollum ? *private joke inside*)


J'étais resté enraciné sur place, alors que Spolioz m'attendait déjà devant la première porte à droite, en entrant dans le bâtiment. Comme pour répondre aux regards agacés qu'il me lançait, je me précipitai dans sa direction. Sur la porte, on pouvait distinctement lire le pseudo « ERE ». En-dessous, un écriteau indiquait « ENTREE RESERVEE A GENEVIEVE ET BRIGITTE ». Encore plus bas, un troisième panneau indiquait « LES AUTRES, DEGAGEZ ». Spolioz s'apprêtait à tourner la poignée de la porte, mais je lui dis :


« Tu… Tu… es sûr qu'on peut entrer ?

– Bah oui.

– Il ne va rien nous arriver de fâcheux ? Un séisme, un tsunami, des abeilles tueuses… ?

– Non mais Drag, faut te réveiller ! Ce bureau est VIDE. Il s'est encore cassé du jeu, l'autre jour, répondit-il

– Ah oui, c'est vrai. Dans ce cas, à moins qu'il y ait un dispositif de répression automatisé, ça devrait aller…

– On est habitués à ses départs… 7 fois 9, 63. Pourquoi a-t-on mis son bureau près de la sortie, à ton avis ? »


La pièce était plutôt petite. Tous les murs étaient recouverts de posters de Jason Mraz, dont un à taille réelle qui me fit lâcher un stupide « bonjour monsieur » par inadvertance. Ah non. Pas tous les murs. Un coin de mur résistait encore et toujours à l'envahisseur, et affichait fièrement le portrait présidentiel d'Oxygène. Le bureau, en verre, était couvert d'objets colorés. Dans un coin du bureau, on pouvait voir une grande photo où Ere-Geekinthepink prenait la pose à côté d'Oxygen, et cette légende : « Brigitte et Geneviêve <3 ». Le bureau était lui-même couvert de dossiers dont les titres lisibles étaient « VPM Star 2 », « La course des partis », « La course des régions » ou encore « Demandes d'aide des partis ». Spolioz ronchonna en relisant le post-it que Geek' avait collé sur l'écran de son ordinateur : « JE ME CASSE. ADIEU. ». Je l'entendis distinctement murmurer dans sa barbe (et tout le monde sait qu'il est imberbe) « C'est ça, à demain. ».


« Il reviendra, comme à chaque fois, ce boulet, râla Spolioz, il n'y a rien à voir ici. C'est le désert. C'est le bordel. 11 fois 7, 77, comme le nombre de ses départs. C'est pas un joueur, c'est un clignotant ! Mais quel boulet ! »


C'est comme ça qu'on a quitté cette pièce, pour rejoindre la suivante. Sans même ouvrir la porte, j'en devinais le propriétaire. Oui, elle dégageait comme une odeur…de croquettes pour chat. On se serait cru dans un paquet de Whiskas. La porte était bizarrement plus large que les autres. Devinant ma perplexité, Spolioz m'expliqua :


« Oui, on a dû faire élargir cette porte pendant les fêtes. Elle n'entrait plus, cette cruche. »


Sur quoi il tourna la poignée qui grinça de désespoir, et entra dans ce bureau, qui n'était autre que celui de Chaminette, alias Ginette. Enfin, je ne sais pas si bureau est le terme le plus juste. Chaminette n'était pas là, contrairement à une impressionnante tribu de chats, au moins une vingtaine, qui se traînait avec nonchalance et des kilos en trop à revendre, dans la pièce. Il étaient PARTOUT. Il fallait même faire attention à là où on posait les pieds pour ne pas écraser ces bouddhas de félins râlant et pestant comme leur maîtresse. Une odeur de litière se dégageait de cette pièce poussiéreuse. Partout où il n'y avait pas un chat, il y avait un bibelot de chat, ou un paquet de croquettes. Les murs étaient…capitonnés.


« Bon, ben voilà, quoi. Elle ne passe pas souvent. Et quand elle passe, c'est pour râler, alors on l'enferme ici, et elle peut s'exciter sans se faire mal. 12 fois 9, 108, comme son poids. Bon, on se casse, avant que l'une de ces maudites créatures ne décide soudainement de nous bouffer ? »


Quelques mètres plus loin, quelque chose qui ressemblait à une pièce. Mais en lieu et place d'une porte, se dressait une calculatrice de la taille d'une porte. Inutile de préciser que nous étions devant le bureau de Spolioz.


Je fis un bond (et pas de commande) quand la calculatrice prit la parole et grésilla plus qu'elle ne demanda : « 672 multiplié par 29 ? ». Alors que je m'apprêtais à sortir ma calculatrice de ma poche (car le journaliste a toujours une calculatrice sur lui, c'est même la base), Spolioz répondit d'un ton sec : « 19 488 ». Il appuya successivement sur les touches 1, 9, puis 4, 8, et enfin…exact !, 8, vous avez suivi ! En se justifiant « C'est juste du calcul mental, Drag, hein. ». Je réagis par un rire nerveux, en enfouissant à nouveau ma calculatrice au fond de ma poche. Quand il eût fini, la porte répondit « Correct » et coulissa sur ses gonds.


La pièce était semblable aux autres, avec quatre coins savamment disposés dans chaque angle de la pièce, mais on y trouvait deux grandes bibliothèques remplies de vieux livres et d'objets mystérieux et inquiétants. Son bureau en bois débordait de vieux papiers et de feuilles froissées négligemment dispersées. Un ordinateur dont la taille de l'écran dépassait celle de Ginette un lendemain de fête, trônait au milieu du bureau, et vrombissait comme un avion au décollage. Sur le mur, derrière son bureau, on pouvait trouver quatre fusils accrochés, et un emplacement vide, où Spolioz plaça le fusil qu'il avait entre les mains.


« Bienvenue chez moi ! » s'exclama-t-il, un sourire en coin.


Alors que j'observais attentivement la tranche des bouquins accumulés par Spolioz, celui-ci reprit brusquement :


« Ah damnit ! J'oubliais. Il faut absolument que je finisse de rédiger mon coup de gueule de ce soir ! 7 fois 8, 56 !! Arf, excuse-moi, il faut que je te laisse. TRISKEEEL ?! »



Quelles nouvelles découvertes notre incroyable reporter fera-t-il au sein de ce parti de fous ? Johndo sera-t-il un guide efficace ? Les Bretons ont-ils des chapeaux-ronds ? L'enquête-immersion ne fait que commencer !

 

A suivre ! …


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Commentaires

2 réponses à “Enquête-immersion au Règne de la Pendule… 1/3”

  1. […] Enquête-immersion au Règne de la Pendule… 1/3 […]

  2. Avatar de Jog
    Jog

    Vraiment très bien rédigé, je suis pas prof de français mais c’est un très très bon style :D