Campagne en cours 3

III. Campagne à Vitry-Le-François

« 17.000 habitants »
James devait rassurer, séduire, charmer, menacer, s’imposer à 17.000 habitants. Il avait concocté tout un programme basé sur la solidarité, l’humour et les transports. Il avait choisi pour slogan, une phrase provenant d’un livre qu’il avait dévoré « L’amour pour épée, l’humour pour bouclier ».
A la lecture, ce slogan s’était naturellement imposé, l’amour représentant la solidarité, l’épée sa rage de vaincre et le bouclier sa défense face à ses concurrents.

Après sa déclaration officielle de candidature, James avait fait une petite interview pour le journal local qui avait eu sa part de succès dans la population.

Il avait engagé des jeunes gens de 18 à 21ans pour coller des affiches, ces jeunes gens, reconnaissant, étaient devenus les premiers adhérents de son parti. Par le bouche à oreille, le « Parti de Gena » parvint à se faire un nom dans la petite ville. Les parents de ses « employés » ainsi que ses « employés » eux mêmes étaient devenus sa première pierre, sa base électorale. Certes, cela ne représentait rien, une cinquantaine de personnes seulement, mais dans une ville de 17.000 habitants, 50 personnes dynamiques représentent un poids non négligeable.
Au premier sondage officiel, James totalisait environ 5% des intentions de votes. Un score honorable après seulement quelques jours. Son article dans son journal avait fait son petit effet.

Le lendemain, James pris subitement conscience de l’ampleur de sa tâche. Ses adversaires venaient de se manifester. Ceux ci, voyant en ce jeune coq ambitieux une menace, décidèrent de démonter systématiquement toutes ses affirmations dans le journal local. Celui-ci détenant un quasi-monopole sur la ville avait un impact immense sur la population. Quelques jours plus tard, James ne totalisait plus que 0,5% des intentions de votes, sa base, son cœur, ses 50 personnes.

James décida alors que le temps était venu d’organiser son premier meeting. Il choisit pour cela le stade municipal. Il ne s’attendait pas à des miracles, mais il fut surpris par le grand nombre de personnes présentes.
Le lendemain, il découvrit un article élogieux à son sujet dans le journal. En effet, un journaliste présent avait été subjugué par la qualité oratoire des propos de James et affirmait qu’il ferait un maire idéal pour Vitry-Le-François.

Surpris et ravi par cet article, James attendait surtout de voir l’opinion du public vis à vis de ses propos. Il ne fut pas déçu car quelque minutes plus tard, il reçut un coup de fil inattendu.

« Allo ?

-Mr Gena ? Lui fit une voix de femme.

-Lui-même.

-Ici Ariane Sanseverino, je suis également candidate à la mairie de Vitry.
James tilta. Elle faisait parti des candidats l’ayant critiquer violemment dans les médias.
-Oui, il me semble que j’ai entendu parler de vous. La candidate sembla entendre l’ironie dans sa voix car immédiatement après, elle s’excusa.
-Je n’ai fait que suivre le mouvement, je n’avais pas réellement écouter ce que vous aviez à dire. Après votre meeting d’hier soir, qui je dois dire était brillant, j’ai une proposition à vous faire.
-Je vous écoute.
-Que diriez vous d’une alliance pour le second tour ? Une coalition ? Qui nous permettrait de remporter la mairie. Je pourrais me désister au second tour en votre faveur et conseiller à mes partisans de voter pour vous. Qu’en pensez vous ? »
Le jeune homme resta sur le cul. Ce que cette femme sous-entendait était que l’électorat était si manipulable qu’on pouvait le diriger à sa guise… une simple parole de cette femme et 2.000 électeurs voterait pour lui… non ! Cela serait trop simple… et pourtant !

« -Pourquoi moi?

-Tout simplement car j’ai confiance en vous, vous m’avez totalement conquise lors de votre meeting.

-Vous êtes certaines qu’ils se reporteront tous sur moi ? Questionna James, toujours un peu sceptique

-Absolument, j’ai l’habitude de faire quelques campagnes électorales, ils m’ont toujours suivi.
-Je vais y réfléchir. Nous nous reverrons, sans aucun doute.

-En effet, nous nous reverrons. »

Ce que venait de lui révéler cette femme lui ouvrait d’immenses possibilités. Immédiatement, son esprit commença à chauffer et il imagina un plan, un plan complexe et rusé. Un plan destiné à obtenir la mairie bien plus facilement que ce qu’il pensait.