Criante de vérité, elle nous guette et se tait.
Impossible de n’en tirer idée, inutile de chercher l’entité.
Elle est lasse de tout dialogue, affranchie de toute description, à l’encontre de tout art. Elle nous tue, sans amertume je me tus. De sa blancheur effrayante, elle attire le regard dans un vide hagard de toute vie. L’inspiration s’échappe, sans ne jamais se retourner, en veillant à ne jamais se retrouver avant cette page tournée.
Vide, incapable, inutile, laissant place au suicide de la langue futile. Exécrable. Elle se moque en silence, ironique, fière de sa sentence, prête à priver l’auteur de toute œuvre prometteuse.
Faute de se creuser le cerveau, elle nous tort les boyaux, ricanant dans un écho de peine.
Douleur, d’abandonner lâchement ce bout de papier. Rancœur, résigné, convaincu que le bon moment sera de la partie une fois prochaine, …
Page blanche. Ecrivain phobique, elle accompagne nos journées, hante notre esprit et nos nuits, s’infiltre dans toutes nos pensées, sans jamais s’y dépêtrer.
Comme un couteau dans le dos, elle surprend à toute heure, jamais on ne s’y attend. Ne m’appelez plus Rimbaud, dans la rancœur, je pleure.
Récit abandonné, ironie déplacée, empathie inconsidérée, … Elle m’achève.
L’imagination s’envole, s’estompe, me rie au nez en laissant derrière elle un vide infini, étourdissant et affolant. Aucune phrase ne tient la route, laissant place au doute. Aucun mot ne trouve sa place, la situation est cocasse.
Déchu, incapable.
Abattu, immoral.
Déçu, je m’évade.
Lâcheté, dîtes le moi comme vous voulez, mais considérez ce déchet comme un sonnet. Silencieux, invisible, il bercera votre lecture. Mieux vaut-il ça qu’un amas d’injures pour la littérature.
La page blanche … Elle débute blanche, et termine blanche. Fade. Pas une once de surprise, seulement l’absence de sens. Aucune logique, aucun but, aucune éthique, elle me rebute. Reprise par le temps, elle se ternira un jour ou l’autre, sous les coups d’une plume revancharde, rancunière. Prière faite, que ce moment ne tarde …
Blanche comme neige, presque beige, elle conserve le néant de ma plume me menant à l’amertume.
Impossible d’en tirer nulle satisfaction, car au fond, elle m’attend impassiblement. Je suis à genou, elle au garde-à-vous, le glaive levé au dessus de ma tête, je me lève, mais m’entête.
Je cherche, fouille, creuse, au fin fond mon âme, de mon cœur, c’est infâme, je me leurre, … elle m’écœure. Rien ni personne ne parviendra à recouvrer mon inspiration, ni même la voix de la raison.
Mon pouvoir repose en l’écriture … mon désespoir s’impose à la rature. J’écris, puis j’efface. Je suis dans l’impasse. Celle qui ressasse, sans usure, les mots que je chasse.
Une idée, un sujet, un mot-clé, une entrée. Et pourtant, mécontent, je comprends qu’un roman à succès se compose bien plus d’une phrase lancée, tout contraire d’une prose. Phase difficile pour l’auteur amateur que d’en être réduit à écrire non selon ses envies, mais celles de la vie.
Un jour, l’inspiration est là. Toujours, je fonds dans le trépas. Pourquoi ? Demandez donc à Voltaire, Ionesco, Villon, Hugo, entendre ce qu’ils vous diront, dès lors qu’ils n’auront pas choix d’écrire leurs émois.
Le destin farceur préfèrerait-il ne s’attaquer qu’au modeste auteur ? Celui qui ne demande autre qu’à donner libre aux émotions ivres et aux confessions d’apôtre ?
Comme un orage qui s’abat sur moi, comme un ouragan arborant peine et vent, absence de mot, absence de temps. C’est le néant.
Ô, qu’un lecteur ne daigne lire mon bagne, qu’un courageux veuille me rendre heureux. Impossible, sans une ligne.
Problème causé par moi-même, et surement un destin enfantin. Apportez-moi, connaissances, imagination mise en scène avec aisance. Enlevez-moi ce vide incessant, cette monotonie d’antan, ce sommeil harassant.
J’écris, je crie … j’inscris, j’envie. J’envie ces auteurs aux hauteurs inaccessibles et aux humeurs festives.
Ô, Dieu de la plume, envieux d’amertume, avec moi tu ne fais qu’un. J’inhume le parfum, celui d’un vide trop plein, qui ne se résume que par un mot : Rien.
Au détour d’une ligne, je tente de tromper son attention, non digne de toute invention, mais sa vigilance m’hurle sans hésitation, de m’arrêter rapidement. Je me pose alors la question : Aurait-elle raison ? Devrais-je peut-être attendre le bon moment, au lieu de m’entêter dans ce mal-être …
Tout compte fait, je préfère capituler.
Laissons les mots venir, se construire, sans se retenir. La page blanche, est un mauvais souvenir.
Commentaires
5 réponses à “Page blanche ©”
je t’avais dit que fallais pas confondre coke et coca , même si les 2 viennent de la même plante
Quel style! :D
Je surkiffetrodelamortkitue
Je vous remercie :)
Wow.