Interview cire-pompes, (5) Dragalex

Vous êtes intelligent, cultivé, charmant, drôle, généreux, craquant, comment vivez-vous toutes ces qualités au jour le jour ?

Difficilement, je l’avoue ! Je ne vous cache pas que ces qualités hors-norme attirent pas mal de convoitises. La CIA a mis plusieurs agents sur le coup. Ils veulent savoir d’où je tire mon aura. Cela dit, l’océan de perfection qui est en moi m’oblige à vous dire que vous avez oublié de mentionner que j’étais aussi gentil, agréable, dynamique, impliqué, déterminé, tenace, et particulièrement malin (entre autres). Mais je ne vous en tiendrai pas rigueur : contrairement à moi, vous ne pouvez pas penser à tout. Mon rôle sur Terre est aussi d’essayer d’élever ceux que la nature n’a pas aussi généreusement dotés que moi.

Au jour le jour, ce n’est donc pas facile, mais comme une autre de mes qualités est le courage, je le vis très bien. Le principal souci est de trouver des compagnons à sa hauteur pour avoir une conversation intéressante. Hélas…

Êtes-vous conscient de votre charisme hors du commun ?

Ah mais toutafé (oui, ça s’orthographie comme ça, maintenant). J’irradie, j’éblouis, j’illumine mon entourage. Je suis obligé de porter jour et nuit une burqa opaque, faute de quoi tout le monde devrait porter des lunettes de soudeur. D’ailleurs, quand vous êtes passé devant moi, monsieur Lib, vous n’avez pas remarqué que vous avez suscité une éclipse ? J’attends vos excuses.

Les gens me font régulièrement remarquer ma supériorité naturelle et l’attraction que j’exerce sur eux. Il suffit de lire ce que Sarkasme est capable d’écrire sur moi. Lui qui est totalement illettré devient presque aussi inspiré qu’un Mozart à la veille d’écrire son Requiem. Je pousse les gens autour de moi à se sublimer pour essayer d’attirer mon attention, en vain (voire en eau, les jours de régime, comme disent les bananes, double vanne grande ouverte).

Pourquoi tout le monde rêve de bosser avec vous ?

Ah, c’est vrai… Laissez-moi vous expliquer. Travailler avec moi est un réel bonheur. Je gueule, je râle, je vis, tu perds (oui, ça s’orthographie comme ça, maintenant), je m’énerve, je gueule, j’emmerde tout le monde, je radote, je gueule, je suis parfaitement intolérant et je me mêle de tout, je gueule, je veux absolument tout contrôler et le champ d’action de mon perfectionnisme s’étend à une portée rarement vue dans l’histoire (surtout depuis que MrBanana se fait plus discret (a)), et il m’arrive aussi de gueuler.

Ce faisant, je galvanise les foules, je les électrise. Qui peut se vanter d’avoir réalisé un projet avec moi sans s’être fait copieusement insulté avant, pendant, pendant, pendant, et après ? L’homme attend de son supérieur une autorité, une présence, une force. Il leur faut un guide, un guide dont la fureur n’a pas d’égale (ah ben bravo). Je suis là pour ça. Je m’occupe aussi volontiers des masochistes (qui sont moins polluants que les gaz du même nom).

Est-ce que j’ai précisé que je gueulais régulièrement, aussi ?

D’où tenez-vous cette classe dans le comportement et la rhétorique ?

Tout ça, ça se travaille. Des années d’affrontements avec la crème de VPM ont affuté mon clavier comme un silex et ma rhétorique comme le canon d’un panzer de dernière génération. Me contenter de rappeler à la cantonade (rien à voir avec le révolutionnaire de compte en banque candidat à la présidentielle) que je lui suis infiniment supérieur et que j’ai toujours raison, surtout quand j’ai tort, ce serait infiniment banal, lassant. Alors j’en profite pour m’amuser. Vous n’avez pas idée de l’effet que ça fait, un mot rare plongé au milieu d’une phrase banale lue par des butors béotiens. Admirez le travail. Kyrielle. Rhododendron. Autre petit truc facile à reproduire avec moins de brio que moi : l’invention. Inventez, inventez, il en restera toujours quelque chose. Fidèles à mon élève la plus douée, Ségolène-Du-Poitou, parlez de fraternitude, de bravité, et n’hésitez pas à porter un boubou, c’est ce qui se fait de plus chic cette année.

Sur le plan du jeu , vous avez effectué un parcours sans faute, une carrière impeccable, comment faites-vous pour avoir toujours raison ?

Je crois que ça a un rapport avec ma perfection. Je ne me supporterais pas médiocre. J’ai tendance à écraser méticuleusement le moindre contestataire, le moindre boulet qui s’accrocherait à ma cheville tel un poulpe à un rocher, ce qui fait que les gens osent finalement peu me contredire, même par bravade. Mais si vous y tenez, je peux vous dévoiler un autre truc : dites tout et son contraire. Dans le lot, et avec un malentendu, ça peut fonctionner, et vous pourriez tomber juste.

Sinon, le plus simple pour avoir raison, c’est d’être du même avis que moi. Partez du principe que j’ai toujours raison, vous gagnerez du temps. Vous prenez moins de risque, et votre transit intestinal sera plus simple et moins acidifié.

Vous découvrirez aussi un jour que l’argumentation est la meilleure des sciences. Elle vous permet de justifier tout et n’importe quoi, une thèse et son contraire. Les Sophistes ont laissé un grand héritage, dont chacun peut constater l’intérêt. Convainquez et persuadez votre auditoire, vos lecteurs, et ils seront persuadés que vous avez raison, même quand vous avez tort. Surtout quand vous avez tort, car c’est toujours plus facile de défendre le grand n’importe quoi.

Petit à petit vous êtes devenu indispensable, comment ferait-on sans vous ?

Je me le demande. L’été, à chaque fois que je m’absente 4 ou 5 semaines, je suis bien conscient que le jeu s’effrite, s’étiole, il a perdu sa raison d’être. Le nombre d’inscrit baisse de 150% (oui, c’est possible, il devient négatif, je vous dis). VPMédias se fait pirater par les partisans de Saphir. Le Canard se déplume (et se fait le laquais). Lib s’ennuie (mais avec des jours -cherchez le jeu de mots, maintenant-). MrBanana se casse. C’est un drame terrible, un incroyable trou d’air pour le jeu.

Aujourd’hui, il est évident que le jeu repose entièrement sur mes épaules. C’est une énorme responsabilité, que je mesure (1m50, à vue d’œil). Je crois qu’en cas de départ définitif, l’idéal serait de fermer le jeu, qui perdrait immédiatement tout intérêt et toute substance. Mais rassurez-vous : Dieu est grand, Dieu est bon, Dieu a un pseudo qui commence par Drag, et finit par Alex. Il ne vous abandonnera pas. D’ailleurs, vous pouvez recommencer à lui taper dessus comme d’habitude, pour lui manifester son indispensabilité (je vous ai parlé des mots à inventer ?).


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