De Nîmes, je le confesse, ma connaissance était restreinte. A peine en connaissais-je le pont du Gard ou ses arènes. Et pourtant, ces deux monuments emblématiques auraient du éveiller en moi la petite voix qui vous susurre : « Prends garde ! Ce chemin est sans issue ! Seul l’aigreur et la défaite t’y attendent ». Mais je n’écoutais pas cette voix. Je n’ai d’ailleurs toujours pas souvenir de l’avoir un jour entendu. Je fonçais. Tel l’Angelo de Giono dans le Hussard sur le Toit, je courrais vers cette campagne où je pensais enfin briller aux yeux du monde virtuellement réel de VPM. Les flammes de l’espoir plein les yeux, me voilà chevauchant Rossinante, entrant dans la campagne, sans penser une seule seconde que cette mairie m’était déjà perdu.
J’entamais. Les sondages étaient là. Variables, mais bons tout de même. Mes adversaires se montraient de grande qualité. Ils luttaient corps et âmes afin de remplir leurs urnes. Ils ne se doutaient pas que, tout comme moi, ils étaient Don Quichotte se battant face aux moulins. En effet, Arc survolait les débats, du début à la fin elle était inatteignable. Et nous, pauvres petits riens, nous étions dans l’arène, multipliant les coups en tout genre. Nous étions gladiateurs devant l’empereur, troquant nos glaives pour des journalistes véreux, nos boucliers pour des préfets partiaux, nos tridents pour des leaders corrompus, notre sang pour quelques pourcentages volés aux autres. Et du haut de son trône, bien assis, Arc nous admirait, couronne d’olivier déjà sur la tête. Elle se délectait du spectacle que nous lui offrions bien malgré nous. « Ave César ! Ceux qui vont mourir te saluent ! » Pensait-elle sourire aux lèvres.
Notre combat n’avait pas pris fin que déjà, comme Napoléon, elle se sacrait d’elle-même. « Ave César ! ». Le public se félicitait et rugissait à chacun de nos coups. Dés que l’un d’entre nous mettait pied à terre, le voilà qui rugissait et en bonne plèbe elle remerciait sa chef pour le spectacle qu’elle lui offrait.
Le jour des urnes arrivait. Ce n’était plus un vote, mais une confirmation. Le sacre avait lieu. Une nouvelle étoile s’ajoutait à son palmarès. Et nous nous laissions emporter par les flots du Gard …
« Ave Arc ! Ceux qui vont mourir te saluaient ! »
Racontez-nous vons campagnes #2 : Les aventures de Simongulaire à Nimes
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2 réponses à “Racontez-nous vons campagnes #2 : Les aventures de Simongulaire à Nimes”
Très bien écrit !
bien ,pas mal