En robe de chambre, ce soir-là dans mon appartement du huitième étage, quai Voltaire, à Paris, j’allais d’un fauteuil à un autre, du bureau à la fenêtre. Une pluie forte s’écrasait sur les vitres en un crépitement continu. Au dehors, dans la nuit, entre ses berges de pierre trop grise, la Seine laissait couler ses eaux noires lapidées par l’averse. Au pied de l’immeuble, un 24 passe. Il est plein, ses phares se reflètent sur le macadam trempé. Il bombe vers Saint-Lazare. Sous la première arche du Pont Neuf, un groupe de sans-abris cherche le sec pour passer la nuit. Parmi eux, combien de génies sans ressources, d’artistes incompris, de poètes maudits dont le destin n’attend que l’aube d’un meilleur jour pour briller sur le monde ? Aucun, j’imagine… Un autre 24 passe direction Maisons-Alfort cette fois, presque vide, tel un souvenir d’enfance. Je retourne à mon bureau, où une cigarette abandonnée finit de se consumer sur le bord du cendrier.
«Dois-je le faire ? Est-ce vraiment nécessaire ?» soliloquai-je. «Elle ne va plus tarder à arriver, ses courses en ville terminées. On ira prendre l’apéritif et se taper un petit festin… ça fera passer le temps… mais après ?»
Un léger brouillard bleuâtre de tabac flotte dans la pièce. Sur l’écran, le traitement de texte est ouvert, vierge. Je sens maintenant clairement les effets bénéfiques du traitement s’estomper. Mon esprit se voile, il me semble ne pouvoir raconter que des inepties… des bobbises, comme elle dirait.
Je m’attable. Écrire, vite. Témoigner, je me dois de témoigner… Les VPMiens doivent savoir, avant qu’il ne soit trop tard.
∼
Deux ans plus tôt. À quelques pas de là, c’est-à-dire en prenant depuis les quais la Rue du Bac sur quelques mètres, pour tourner presque immédiatement à gauche et rejoindre au niveau de l’église baptiste la Rue de Lille, que l’on suit, en prenant un instant pour jeter au passage un coup d’œil à la vitrine de la magnifique galerie sise au numéro 11, jusqu’à son débouché sur la Rue des Saints-Pères, que l’on remonte jusqu’au Boulevard Saint-Germain où l’on tourne à gauche pour atteindre le Café de Flore (c’est là un chemin rapide et parfaitement agréable). À la terrasse du Café de Flore donc, deux ans plus tôt, vêtu d’un trench noir enfilé sur un complet rouge en laine un peu effilé aux manches, les yeux sombres et mobiles qui respirent l’air pollué, le regard perçant et les mains nerveuses : oui, c’est bien lui, le ténébreux, l’inquiétant, le si peu recommandable Bad Bob.
Soudain, il sursaute. Son verre d’eau se renverse et roule sur la petite table. Ses yeux viennent de se fixer sur un point au loin. Nous seuls, qui avons le loisir d’observer de suffisamment près et sans risque son visage menaçant, avons pu remarquer l’expression de peur qui se dessina sur ses traits pendant une fraction de seconde, pour immédiatement laisser place au masque d’une assurance narquoise composé en hâte mais avec cette perfection dont sont seuls capables les pires sociopathes. Que voit ainsi à l’horizon notre homme, qui ait pu ainsi l’effrayer au point de lui faire perdre le contrôle de son attitude ? Tout en surveillant l’individu du coin de l’œil, tournons lentement la tête dans la direction que son regard nous indique. Ce n’est pas le boulevard qu’il fixe, lequel est doucement animé comme à son habitude, mais plutôt une chose qui semble situé un peu plus haut dans les airs. Levons donc la tête… lentement… et ouvrons grands nos yeux devant ce spectacle terrible qui nous frappe comme la foudre : la tour Montparnasse, en flammes. Son long profil se découpe sur le ciel parisien, et telle une torchère, des langues de feu immenses tourbillonnent à son sommet. Les vingt derniers étages sont déjà ravagés, l’amiante s’étant embrasée comme du petit bois.
Mais Bad Bob (que nous surveillons du coin de l’œil, rappelez-vous, et dont le mouvement ne passe donc pour nous pas inaperçu, bien qu’aucun autre client du Café de Flore ne semble l’avoir remarqué) a déjà détourné son regard des signaux lumineux rouges et blancs clignotant faiblement au sommet de la tour, disparaissant au coeur du nuage de fumée noire qui se forme, énorme, sur la voûte azur de la couche d’ozone perforée (surtout du côté des Lilas). Il sait ce qu’il s’est passé au dernier étage de la tour. Déjà il s’est levé et se précipite à l’intérieur du café bondé. Il zigzague de manière agile entre les tables, esquive promptement les serveurs habillés de noir et d’un tablier blanc. Le voilà qui pousse une porte réservée au personnel, pour déboucher dans un couloir de service. Au fond, à droite, dans l’embrasure d’une porte, la cuisine du café. Des bruits de casseroles, les injonctions du chef et le son d’un poste de radio parviennent à notre homme traqué, lequel dresse subitement l’oreille au jingle fringuant qui s’échappe du transistor. C’est une publicité. Une publicité qu’on n’entendait plus sur les ondes depuis deux ans. Une voix joviale d’homme annonce : « Votre papier toilette est pour vous la chose la plus importante ? Vous avez raison ! Choisissez le meilleur papier toilette du marché ! Et vous Miss, quel est le vôtre ? » Un roulement de tambour se fait entendre, suivi immédiatement d’une voix féminine et claire. Cette voix, Bad Bob la reconnaîtrait entre mille. Une voix glamour, une voix grave, une voix douce comme du miel et tendre comme du corned beef : la voix de Miss Mouton. « Pour mon anus, j’utilise Ross&Witchcraft®. Ainsi, d’un seul geste, j’ai l’anus et la laine fraîche. »
Bad Bob se fige sur place, glacé, hypnotisé. Cette voix lui a fait l’effet d’une bombe. Il se sent pris au piège. Un animal traqué, qui sent soudain braqués sur lui les fusils des chasseurs, leurs canons béants prêts à cracher les balles. Miss Mouton ! Elle arrive. Elle va le retrouver. Elle doit déjà être en route vers le café, elle vient lui faire la peau. Il ne veut pas qu’elle le possède. Tout autour de lui les bruits du café semblent s’être évanouis. Il est comme sourd. Des serveurs surgissent et l’invectivent, mais sans qu’il entende.
Soudain, une étincelle dans son esprit, et il pousse un rugissement de lion. Une idée… une idée horrible, une idée inouïe vient de germer dans son cerveau démoniaque. Une échappatoire ! Bon sang mais bien sûr, comment n’y avait-il pas pensé plus tôt ? Bestial, l’homme parcouru d’une verve nouvelle attrape un garçon de café par le col et le pousse dans la pièce la plus proche. Les toilettes. Suivons-les sans indiscrétion et en évitant les coups du combat qui s’y déroule à présent. Bad Bob a le dessus. D’une poigne incroyable il expédie le gringalet au sol d’une des cabines, avant de lui-même se jeter à l’intérieur. La porte de la cabine claque derrière lui. Faute de voir, chers lecteurs, nous pouvons toujours entendre ce qu’il se déroule à l’intérieur. Mais sachez que ce témoignage s’est fait en cet instant à un prix terrible. Car si nous n’avions eu le devoir de rapporter ici ce que nous entendîmes, combien aurions-nous préféré pouvoir enfoncer nos doigts profondément dans nos oreilles pour ne rien entendre. Les bruits que laissaient filtrer cette porte des toilettes nous retournèrent les tripes. Les craquements de la lutte mortelle. Déjà, les vagissements des créatures de l’enfer. « Bob…. non… Bananus… argh ! *craquement sinistre*… mangeons ce mouton inutile… ».
Nous préférons abréger ici cette retranscription inhumaine. Et vous décrire sans plus attendre ce que nos yeux découvrirent quand la porte se rouvrit, ou plutôt quand Bad Bob la frappa de son fessier et qu’elle s’effondra par terre, les gonds arrachés. Retenez votre souffle : à l’intérieur de la cabine, se tiennent debout sur leurs jambes, l’air déterminé et vengeur, la respiration saccadée, le regard plein de défi, non pas Bad Bob et le garçon de café… mais deux Bad Bobs. Le larbin a pris l’apparence du terrible méchant en tous points : la même silhouette, le même visage, la même attitude, les mêmes vêtements. Le pouvoir de possession de Bad Bob avait encore frappé. Nul ne pourrait déduire lequel des deux était l’original et l’autre la copie possédée.
Simultanément, les deux Bobs s’élancent hors des toilettes vers la salle du café. Courons sur leurs pas ! Mais le temps de surgir à notre tour dans la salle, nos yeux de s’accoutumer aux lumières vives et nos oreilles au son des conversations, l’enfant du diable et son double sont déjà hors de vue. Bad Bob, le terrible, a déjà pris la fuite.
Un mouvement, là bas, sur la terrasse. Un des Bad Bob se rassoit à une table où gît un verre d’eau renversé. A ses côtés, une personne qui ressemble au Docteur Bob, nous n’en sommes pas vraiment sûr, malgré le col roulé et la veste en velours. Le côté obscur de Bob vient de reprendre sa place auprès de lui sur la terrasse. Ou plutôt, ô ignoble subterfuge, son sosie… Un bruit de moteur se fait entendre. Une moto se rapproche. Qu’allait-il arriver ?
∼
Le soir, non loin de Paris, dans une banlieue pavillonnaire dont l’apparence fait étrangement penser aux States. Il est presque minuit. L’allée est silencieuse, les voitures sagement garées devant les haies. Un chat est assis sur le muret d’un petit jardin. Dans les maisons identiques alignées, les lumières s’éteignent une à une, laissant l’allée du lotissement baigner dans la seule clarté blanchâtre des réverbères.
Un homme marche lentement au milieu de la route, vers une destination inconnue. Les réverbères projettent son ombre sur le bitume.
L’ombre de Bob, l’ombre d’un doute… Bad Bob.
À suivre…
C’est sur ces aventures que je déclare le 271e classement national ouvert ! Je suis nettement moins bon pour effectuer les analyses d’un jeu que je ne suis plus que pour raconter des histoires, je vous prie donc d’excuser la sobriété de mon analyse !
(Classement relevé le 12.11.2017 à 22h01)
Parti | Influence (%) | Evolution en place | Evolution en influence (%) |
---|---|---|---|
1. Les Politocards | 15.47 | = | -4.71 |
2. Coalition Franco-Belge | 10.38 | +1 | +0.23 |
3. Parti Déterministre | 10.36 | -1 | -0.58 |
4. La Soupe aux Choux | 8.42 | +1 | +1.62 |
5. Soucoupe Violente | 7.72 | -1 | +0.59 |
6. La Mafia Vpmienne | 7.71 | = | +1.48 |
7. Les Warthogs | 6.58 | +6 | +3.25 |
8. Le Harem de Zalou | 5.87 | = | -0.28 |
9. Les Inconnus !! | 5.54 | +1 | +1.79 |
10. Parti en Live | 4.42 | -1 | -1.7 |
11. Purple ConneXion | 3.82 | ENTREE | |
12. Freedom’s Knights | 3.61 | = | +0.26 |
13. le LabolitiK | 3.54 | -2 | -0.08 |
14. Les Chopins D’abord | 3.33 | -7 | -2.9 |
15. Parti Loyal de l’Ouest (PLO) | 3.23 | = | +0.49 |
MagneBot© |
Tendance générale
Cette semaine, le classement est bien entendu placé sous le signe de Miss Mouton, puisque, vous l’avez remarqué, c’est à Sengel que cette introduction est dédiée.
Gros Important avertissement pour cet article : les évolutions dans le tableau sont calculées sur la période des 15 derniers jours, c’est à dire entre le dernier classement (le 31 octobre) et aujourd’hui. Une panne de Magnebot due à une maintenance sur le site n’a pas permis de relever le classement du week-end dernier.
Aucune tendance originale ne se dégage. Des montées, presque autant de descentes, et presque autant de stabilisations. La routine, c’est la routine, comme ne chanterait pas notre bon vieux Johnny. Globalement, les scores sont serrés, surtout en dessous de la 4e place.
Podium
Le podium est le même qu’il y a 15 jours, si ce n’est que l’ancien troisième (La Coalition Franco-Belge) a pris la place du second, lequel (Le Parti Déterministre) (5 membres en campagne actuellement) a récupéré la place du troisième, inversion des places qui a eu lieu hier. Mais la première place, et rien ne change, est toujours occupée par la talentueuse équipe des Politocards !
Hausses
La soupe aux Choux et Les Inconnus grimpent d’une place. Mais la belle remontée de la semaine est signée Les Wartogs, car ce parti a débarqué à Paris, où le secrétaire Lorstin a grimpé petit à petit jusqu’à un score de 11% aujourd’hui (5e position). Le parti prend 3,25 points sur la quinzaine.
Baisses
Quelques micro-baisses pour une poignée de partis : Soucoupe Violente, le LabolitiK et l’antique Parti en Live. La plus forte baisse sur les deux dernières semaines est à aller chercher du côté des Chopins D’Abord, qui perdent 7 places (et 3 points, dont 1 points et trois places brusquement en l’espace de la journée d’hier seulement).
Le tableau sur 15 jours laisse aussi voir que le leader Les Politocards a vu son avance s’effritter de presque 5 points sur cette période (sans pour autant perdre sa place). Depuis un peu plus de 24 heures en revanche, il a regrapillé quelques points, ce qui signifie que la baisse est contenue, en tout cas à court terme. Tichon fait en effet beaucoup moins bien à Paris actuellement (dans les 19%) que le célèbre Rivoli à la campagne précédente, qui finissait avec plus de 30%.
Entrées et sorties
Le Front de la Rébellion rejoignait le tableau il y a trois semaines jours, comme Girard nous le faisait remarquer alors. Ils en sont depuis ressortis, sans parvenir à se stabiliser. Ils laissent leur place au Parti Purple Connexion, mené par Tippex. Bienvenue !
Les Freedom’s Knight’s ont également fait l’aller retour vers les limbes, et ont rejoint leur position d’il y a 15 jours dans la journée d’hier !
La Mafia VPMienne, le Harem de Zalou et le Parti Loyal de l’Ouest (qui se maintient après son arrivée il y a 15 jours – et qui a une stratégie régionale originale, sur l’ouest de la France : Bretagne, Normandie, Pays de la Loire + Limoges) se retrouvent au même niveau que lors de notre dernier classement, avec bien sûr quelques évolutions de places entre temps.
Les paris de la semaine
Le pari d’il y a 15 jours est juste, puisque les Politocards baissent en influence (mais pas en place!). Pour la semaine prochaine, je mise sur une sortie des Chopins, et sur une forte hausse des Déterministres !
Rendez-vous (je l’espère) la semaine prochaine pour une nouvelle analyse du top 15 !
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Commentaires
13 réponses à “Classement national #271 | 13 novembre 2017”
Ça c’est de l’introduction !
Que les autres en prennent de la graine ^^
Bravo boby!
C’est sa bouche qui m’inspire :ivre:
Qu’il est merveilleux ce Mister Bob ! Et à mort Bad Bob ! :fouet:
On a envie de le prendre dans ses bras, de lui faire des papouilles, de lui gratter le bide pour l’entendre ronronner comme un petit lion infernal. Une plume, un geste, un mouvement bien maîtrisé, et il nous transporte dans un au-delà où planent poésie, adjectifs, et rêve. Le temps d’un instant, les soucis s’évaporent. Certains appellent ça du talent, moi je crie au génie. Le génie d’un homme passé maître dans l’art de la narration, un maître dis-je, une montagne, un monument de VPMédias ! :iloveyou:
Bon c’est pas tout le père, mais tu m’retardes. L’heure c’est l’heure, et c’est l’heure du Perniflard :bounce:
C’est donc cela, une introduction… Après des mois et des mois de quête, la VPMie y goûte enfin, et quelle plénitude !
:iloveyou: aussi Bobby ! :heart:
Merci ! :heart:
:iloveyou: too
:iloveyou:
Ca c’est de l’intro ! bien envoyé ^^
:iloveyou:
Lorn où es-tu? Parles le nous un peu de tes intros?^^
soliloquai-je.
RAB Zerozerosix
Doux jésus, une vraie intro ! Cela se fait donc encore ?
J’ai renversé mon verre de rhum quand j’ai lu « verre d’eau » ! Quel escroc !
Mdr