To win or Toulouse, épisode 3 : poireaux et citoyens

Thomas alluma son ordinateur et chercha des sites Internet qui confirmaient la nouvelle. C’était bien vrai. Loloma avait demandé un pain au chocolat dans une boulangerie toulousaine, et avait été simultanément frappé par la foudre, victime d’un AVC et transpercé de 24 balles par la boulangère.

Dans ces conditions, impossible pour le Parti Orgasmique de songer à une quelconque élection : ils étaient forcés d’abandonner la mairie de Toulouse après cette erreur fatale.

Ça tombait bien, c’était jour de marché demain, et il comptait bien aller au contact de la population avec Fysk. L’occasion de profiter du trou laissé par le PO, et de se créer une base électorale avant la véritable entrée en campagne du Harem, qui venait de déposer sa liste.

7 janvier 2020, 7h. Thomas enfila son manteau, pris ses clés sur la table et le paquet de tracts fraîchement imprimés posés à côté : sa tête resplendissant en gros plan, Fysk mis légèrement en retrait et photoshoppé pour le rendre plus attrayant, de la couleur (mais pas trop, l’encre ça coûte cher), un slogan qui claque (« Thomas à Toulouse, n’est pas going to lose »), tout était parfait.

Il sortit de chez lui, évita son voisin comme à son habitude, et attrapa de justesse le bus de 7h10.

Il avait rendez-vous avec Fysk au Capitole, non loin de la place du marché. Comme toujours, ce dernier était en retard, et il arriva en courant. Ses vêtements n’allaient pas ensemble, son visage oscillait toujours entre le rouge et le blanc, mais il avait un petit air bonhomme, ça plairait peut-être à certains.

Arrivé sur la place du marché, il vit que ses adversaires étaient déjà en place : le Harem était, comme prévu, absent, mais un homme portant un grotesque costume de canard distribuait des tracts et essayait de faire rire les enfants – les faisant plutôt fuir, en fait.

« Tu savais que Girard participait à la campagne de Ltn ? demanda Thomas

– J’ai entendu que tous les ministres allaient se rendre sur le terrain dans les grandes villes. Au vu de l’importance stratégique de Toulouse, c’est un choix étonnant, Girard n’est pas particulièrement réputé pour ses victoires … , lui répondit Fysk

– Leur but est de battre le PO, comme il n’est plus à Toulouse son importance a diminué à leurs yeux … encore un bon signe pour nous. Si ils avaient envoyé Gameknight on était foutus, ce gars est un vainqueur né. »

Ils se séparèrent et commencèrent à distribuer leurs tracts , s’arrêtant pour discuter avec les toulousains intéressés par leur programme. Thomas fit notamment la rencontre d’une vieille dame qui trouvait que son programme manquait de gourdins, idée qu’il ne manqua pas de reprendre à son compte le soir-même tant elle lui semblait pertinente. La matinée se passait bien, les gens les accueillaient globalement avec sympathie, à l’exception d’un homme arborant un T-Shirt « Softpowers, le pouvoir du référadum », qui l’insulta véhément en le voyant. Se faire traiter d’imbécile par quelqu’un qui disait référadum à cause d’une erreur faite par son candidat favori (en écrivant en voiture avait-il dit), ça avait un côté comique qui aurait fait sourire Thomas si ça ne lui avait pas fait perdre un électeur potentiel. Après une discussion fructueuse avec un jeune couple ayant probablement convaincu deux futurs électeurs de plus, il se rendit compte qu’il se trouvait juste à côté de Girard. Celui-ci le salua :

«Bonjour Mr Careiron, quel plaisir de vous voir ici ! Vous essayez d’obtenir assez d’électeurs pour dépasser Softpowers ?

– Remarque étonnante de la part de celui qui a perdu la campagne de Nantes contre le PO, celle de Reims contre un candidat libre et a fini derrière Bobmorane à Marseille, répliqua la tête de liste des SDF d’un ton sarcastique.

– N’oubliez pas qui est ministre ici.

– Flûte, j’ai vexé notre très cher ministre de l’extérieur, quel dommage … Sinon, vous avez réussi à convaincre au moins une personne de voter pour le Labo ce matin, ou c’est plutôt le contraire ?

– Ça ne vous regarde pas, dit Girard d’une voix emplie de rage.

– Comme qui dirait, on verra dans les urnes, rétorqua Thomas en souriant. Mon intuition me dit que le résultat me plaira plus qu’à vous. Au revoir, très cher adversaire.

– Au revoir, et évitez les ruelles sombres, on ne sait jamais.

Thomas retint son rire. Que c’était drôle de faire enrager un des hommes politiques les plus nuls de son époque. La matinée arrivait à sa fin et le marché était presque vide, il alla donc rejoindre Fysk.

11 janvier 2020, 7h30. Mercredi, nouveau jour de marché. Il y aurait sûrement plus de monde cette fois-ci, se dit Thomas, le Harem, le Labo, Softpowers qui avait déposé sa liste, peut-être un représentant du Parti Loyal de l’Ouest aussi, un obscur parti qui avait pour objectif de remporter toutes les villes de la moitié ouest de la France. Comment s’appelait leur tête de liste déjà ? Rudy ? Non, c’était plus étrange que ça, un nom chiant à prononcer. Interrompant sa réflexion, Thomas se rendit compte qu’il était arrivé. Il jeta un œil autour de lui. Girard était déjà là, mais pas de signe du Harem. L’homme qui parlait là-bas, c’était Softpowers ? Il n’était pas sûr. Et cette femme, avec des tracts plein la main ? Elle lui semblait familière, une personnalité connue sûrement. Il s’approcha. Quand elle tourna la tête, il eut un choc. Non, elle n’était pas connue, mais lui la connaissait bien. Cette femme, qui s’avançait maintenant vers lui, c’était …


Publié

dans

,

par

Commentaires

2 réponses à “To win or Toulouse, épisode 3 : poireaux et citoyens”

  1. Avatar de Girard
    Girard

    Quelle enflure :fouet:

  2. Avatar de Gameknight
    Gameknight

    Hé hé :D