Précédemment, dans La mort aux palmes :
C’est une bonne situation ça, Princesse ?
Girard se réveilla dans un bon lit douillet. Emmitouflé dans ses couettes, il avait passé une bonne nuit. Une nuit sans rêve. Ce furent les premiers rayons du soleil qui vinrent le tirer de son sommeil. Tranquillement, il se leva, s’étira, puis ouvrit les rideaux. Les reflets du soleil sur la neige givrée du petit matin lui mirent les larmes aux yeux. Quelques battements plus tard, ils s’étaient habitués. Une vaste étendue enneigée s’offrait à Girard. Il parcourut l’horizon du regard, s’attarda sur les arbres blancs et observa la vie. Il faisait froid, mais des dizaines de personnes s’agitaient dehors. Alors qu’il observait la foule patiner joyeusement dans les douves du palais royal, il sentit une odeur monter dans son bec, cette odeur il la connaissait très bi…
– Les frites sont prêêêêêtes !
Sherly déboula dans la chambre en chantant, exécutant la marche de la friteuse dans toute la pièce avant de ressortir aussi vite qu’il était apparu.
– Les frites sont prêêêêêtes !
Girard s’habilla et rejoignit Sherly, Paskalou, Jesuiscahuzac et les autres déjà attablés dans une cuisine emplie de fumée. Sherly avait beau cuisiner des frites au petit déjeuner tous les jours, il ne savait toujours pas utiliser correctement sa rutilante friteuse dernière génération offerte par la Princesse pour son anniversaire. Ce qui ne l’empêchait pas de se vanter d’être le meilleur cuisinier de tout le royaume — et pour cause, il était le chef cuisinier officiel du palais.
Tous se jetèrent sur les frites. Non pas qu’elles étaient bonnes, mais il faut dire que chacun devait prendre des forces pour la journée. Ils étaient en effet au service de la Princesse. Sherlocck présidait les friteuses dans les cuisines du palais, une immense salle où l’air était empli de fumée et où les murs suintaient l’huile de cuisson, que d’aucuns préféraient éviter. Paskalou dirigeait l’orchestre royal lors des banquets que la Princesse ne manquait pas d’organiser deux fois par jour. Jesuiscahuzac était reconnu dans toute la contrée pour ses pitreries qui faisaient rire tous les invités lors des repas : il était le fou de la Princesse — fou d’elle, il l’était aussi… mais qui ne l’était pas ? Girard enfin, passait ses journées à récurer les centaines de pièces du château, armé d’un équipement qui ferait pâlir tout agent d’entretien.
Tous travaillaient dur, du lever du jour à la tombée de la nuit, du lundi au dimanche. Ils étaient pourtant au comble du bonheur, avaient l’impression de vivre un rêve éveillé. Ils travaillaient pour la Princesse et en étaient extrêmement fiers. Ils s’éreintaient à la tâche pour lui faire plaisir, la seule chose qui comptaient aux yeux des habitant du royaume étant son bonheur.
Sitôt le petit déjeuner englouti, Girard enfila son manteau d’hiver et sortit travailler, accompagné de Sherlocck, Jesuiscahuzac et Paskalou. La neige craquelait sous les palmes de Girard à chacun de ses pas, ce qui lui procurait une intense satisfaction. Alors qu’ils n’étaient plus qu’à quelques centaines de mètres des portes du palais, ils passèrent devant des débris d’avion à moitié ensevelis par la neige. La queue de l’appareil dépassait et l’on devinait le corps de l’appareil à côté. Une étrange sensation parcourut nos héros — on racontait bien des histoires à propos de cet avion.
De toute façon, celle-ci fut très vite oubliée, dès lors qu’ils arrivèrent à hauteur des portes du château, ornées de deux statues monumentales de la Princesse dansant aux côtés d’un prince charmant au visage dissimulé sous un masque de théâtre. La princesse avait de nombreux amants — Girard était régulièrement appelé au château après le service, ce qui avait le don de rendre ses amis jaloux — , mais son coeur restait à prendre. Ce jour-là justement, un prince d’une contrée voisine devait participer au banquet et, qui sait, conquérir le coeur de la Belle. La tâche de Girard était donc d’autant plus cruciale : le palais devait être nickel, la Princesse l’avait bien précisé.
Sherlocck était descendu aux cuisines, il devait préparer un plat exceptionnel qui impressionnera le prince étranger. Il avait opté pour sa spécialité, les frites, auquel il ajouterait une sauce dont il avait le secret à base de tomates récoltées dans le domaine royal. Jesuiscahuzac accompagnait Paskalou, ils avaient prévu un spectacle musical dont on se souviendrait sans doute pendant longtemps. Girard quant à lui, enfilait ses gants quand il la vit.
Bellazelda était la princesse que tout le monde rêvait d’avoir, Girard en était sûr. Elle marchait dans sa direction, au ralenti, sur une musique en italien. Du moins, c’est ce que le canard voyait. Arrivée à sa hauteur, elle lui fit un clin d’oeil et descendit les escaliers avec une grâce inénarrable. Ti amo, murmura-t-il à son attention. Quand elle fut hors de portée de vue, Girard se rendit compte qu’il était tombé dans son seau et recouvert de mousse. Tout éhonté, il s’essuya et commença son nettoyage minutieux, sous les cris de Jesuiscahuzac accompagné par les cornemuses de Paskalou que l’on entendait à travers tout le palais.
Dans l’après-midi, alors que Girard, juché sur une échelle à deux mètres du sol, astiquait les lustres du plafond de la salle des fêtes, les trompettes annoncèrent la venue du prince étranger. Un bourdonnement se fit entendre à travers le royaume. Girard se figea, à mesure que le bruit s’approchait. Tétanisé par ce qu’il reconnut, il perdit l’équilibre et tomba de l’échelle. Il se rappelait de tout. Il courait au milieu des nénuphars, ses palmes à son cou pour fuir la mare, un hélicoptère sur ses talons palmés. « Mouhahahahaha », fanfaronnait Robertleretour tandis qu’il augmentait le volume des enceintes bluetooth accrochées sur les flancs de l’appareil. Il se perdit dans la végétation et se retrouva à l’aéroport, Sherly à ses côtés, poursuivi par le même Robertleretour ; puis à bord de l’avion en chute libre. Il était en apesanteur, hurlait avec Sherly et Paskalou. Il heurta violemment le sol de la salle des fêtes et se retrouva paralysé par la douleur.
Il ouvrit les yeux, et apparut la Princesse. « Bonjour mes amis. Je suis la princesse Bellazelda, soyez les bienvenus dans mon royaume » Il se releva d’un bond. Voilà sept mois qu’il était au royaume de Bellazelda, prisonnier du charme de la Princesse. Titubant, il courut hors de la salle en direction des cuisines. Il lui fallait retrouver ses amis et retourner à VPM.
La suite, au prochain épisode de La mort aux palmes…
Commentaires
5 réponses à “La mort aux palmes — Ép. 5: Le réveil”
Voilà un épisode tout en légèreté
Quel plaisir
Un épisode vraiment bien écrit, avec des passages amusants et toujours un rythme agréable. On ne s’ennuie jamais.
Quant à l’histoire, je me disais bien que tout cela était trop beau et idyllique pour être vrai ! Vivement la suite !
Très amusant, j’attends la suite avec impatience^^
C’est marrant, en lisant ça, je me demande pourquoi c’est nul :hum:
Non pas que ça soit vraiment de la merde (en fait dans le cas de cet épisode si, mais c’est parce que j’y suis pas), c’est sympa à lire, je ferais pas mieux (j’écris probablement moins bien mais je peux pas juger), mais jamais un éditeur sérieux publierait ça, et je réussis pas à trouver ce qui différencie ce texte d’un roman bien écrit. Voilà voilà, c’était la petite réflexion littéraire du jour, et t’as intérêt à me mettre dans le prochain épisode ou je te ferai rôtir.
Le 6 ! :fouet: